 
                        La Série Surnaturelle 
La vie de William Marrion Branham
                            Owen Jorgensen
Le signe le suit
Chapitre 8
1929
	
	Même si l’emploi de Billy au 
	Département des Services publics ne lui rapportait que 20 cents [0,14 euro] 
	de l’heure, il se considérait chanceux d’avoir du travail. Il envisageait 
	toujours d’aller, un jour, vivre comme trappeur dans les montagnes de 
	l’Ouest, mais, pour l’instant, ses chèques de paye étaient nécessaires à la 
	maison. La santé de son père se détériorait à cause de son abus d’alcool. 
	Charles Branham, âgé de trente-huit ans, n’avait pas d’emploi et presque 
	aucune chance d’en trouver un et de le conserver. Le 2 novembre 1929, Ella 
	accoucha de son dixième et dernier enfant. Finalement, après neuf garçons, 
	elle eut une fille. Ella nomma sa fille Fay Delores Branham, mais elle 
	l’appelait par son deuxième prénom. Alors, des onze Branham vivant dans la 
	même maison, seul Billy avait un emploi à temps plein. Billy ressentait 
	l’obligation de soutenir sa famille, pour quelques années au moins.
	
	Le travail aux Services publics de 
	l’Indiana allait bien avec le tempérament de Billy. Il travaillait en plein 
	air toute l’année et ses tâches variaient toujours, ce qui faisait qu’il 
	s’ennuyait rarement. Une semaine, il pouvait creuser des fossés pour poser 
	des conduites à gaz ; une autre semaine, il relevait les compteurs ou 
	réparait les fuites de gaz, ou bien montait sur les pylônes pour réparer les 
	lignes électriques. La seule partie de son travail qu’il n’aimait pas, 
	c’était de couper l’électricité aux familles qui ne pouvaient pas payer 
	leurs factures. Et lorsque la Dépression s’accentua, cela se produisait 
	beaucoup trop fréquemment à son goût.
	
	Bien que Billy ait été content de 
	son emploi aux Services publics, 8 $ par semaine ne suffisaient pas pour 
	subvenir aux besoins d’une famille de onze personnes. Alors, lorsqu’il se 
	vit offrir un emploi à temps partiel en tant que garde-chasse pour l’État de 
	l’Indiana, il sauta sur l’occasion. Cela voulait dire qu’il serait 
	régulièrement à l’extérieur de la ville pour faire des patrouilles dans les 
	bois. La pensée d’être payé pour faire ce qu’il aimait vraiment le 
	réjouissait. En réalité, cela ne se passa jamais ainsi. Son salaire était 
	censé être une commission sur le nombre de contraventions qu’il dressait à 
	ceux qui enfreignaient la réglementation de la chasse. Mais Billy ne pouvait 
	jamais se résoudre à dresser une contravention. Il avait le sentiment qu’il 
	serait plus efficace de discuter avec le braconnier sur l’importance de la 
	conservation de la faune et l’obéissance aux lois. En fait, Billy donnait de 
	son temps, mais la satisfaction de se promener dans les bois et d’être hors 
	de ville était suffisante.
	
	Un jour, Billy fut désigné pour 
	faire une patrouille dans le parc national de Henryville, à 20 milles [32 
	km] au nord de Jeffersonville. Dès qu’il monta dans l’autobus Greyhound, un 
	sentiment étrange l’envahit, une pression, presque comme si une force 
	invisible le poussait. L’autobus était bondé ; les passagers occupaient tous 
	les bancs et plusieurs étaient debout dans le couloir. Billy se fraya un 
	chemin vers le centre de l’autobus et s’arrêta entre une dame corpulente 
	d’âge moyen et un marin. La dame leva la tête et dit : « Bonjour » tandis 
	que l’autobus quittait l’arrêt.
	
	Billy répondit : « Bonjour », puis 
	regarda par la fenêtre les maisons qui défilaient le long de la route.
	
	Maintenant, la force étrange qu’il 
	ressentait le poussait encore davantage. Elle semblait venir de cette dame 
	corpulente. Du coin de l’œil, Billy pouvait voir qu’elle le regardait en 
	face. Elle le rendait mal à l’aise.
	
	Bientôt, elle engagea la 
	conversation. « Êtes-vous un officier ? »
	
	Billy portait son uniforme de 
	garde-chasse avec un pistolet dans l’étui qui était attaché à son côté. « Je 
	suis un garde-chasse », lui répondit-il.
	
	« Vous êtes solitaire, n’est-ce 
	pas ? »
	
	Billy masqua sa surprise. Il 
	répondit par un mensonge : « Non, madame. »
	
	« C’est que vous n’êtes pas chez 
	vous », dit-elle.
	
	« Si, je suis chez moi... »
	
	Elle secoua la tête : « Non, vous 
	êtes né pour l’Ouest. »
	
	Cela fit à Billy l’effet d’une 
	douche froide. « Eh, mais de quoi parlez-vous ? »
	
	Elle dit : « Peut-être ferais-je 
	mieux de m’expliquer. Voyez-vous, je suis astrologue. »
	
	Billy grogna intérieurement, 
	pensant : « Voilà encore une de ces personnes bizarres. » Et il s’éloigna 
	d’elle et se rapprocha du marin.
	
	Elle le suivit, titubant avec le 
	balancement de l’autobus. Elle dit : « J’aimerais vous parler quelques 
	instants. » Billy continua de regarder en face de lui, faisant comme s’il ne 
	l’entendait pas. Elle insista : « Puis-je vous parler juste un petit 
	moment ? »
	
	Billy l’ignora. Il pensait : « Ce 
	n’est pas très poli de ma part, mais je ne veux pas lui parler. »
	
	Mais, la dame ne voulait pas le 
	laisser tranquille. « Dites, vous le garde-chasse, puis-je vous parler un 
	instant ? »
	
	Finalement, Billy se retourna et 
	lui dit sèchement : « Que voulez-vous ? » Il se sentait coupable de parler 
	de manière aussi impolie, mais il n’avait vraiment pas envie de parler avec 
	une astrologue. Il se rappelait ce que la gitane lui avait dit au carnaval 
	et ce souvenir le mettait mal à l’aise.
	
	La femme demanda : « Êtes-vous un 
	chrétien ? »
	
	« Non » coupa-t-il : « et 
	qu’est-ce que ça peut bien vous faire ? »
	
	Elle haussa les épaules. « Oh, je 
	me posais juste la question. Saviez-vous que vous êtes né sous un signe ? »
	
	Billy avala péniblement. « Écoutez 
	madame, je ne veux rien savoir de cela. Je sais que je suis dur avec vous, 
	mais je le pense vraiment. Je ne veux rien savoir de ça. »
	
	Elle recula un peu : « Oh, ne 
	soyez pas si dur. »
	
	« Je ne veux pas vous blesser, 
	mais je ne connais rien des choses religieuses et je ne veux pas les 
	connaître. » Billy se détourna d’elle et se mit à regarder plus loin que le 
	marin, vers l’avant de l’autobus.
	
	« Oh vous ne devriez pas agir 
	comme ça. Cela n’a rien à voir avec la religion. Je suis en route pour 
	Chicago pour rendre visite à mon fils qui est un ministre baptiste. Je 
	travaille à la Maison Blanche. Saviez-vous que la position des étoiles 
	affecte les choses ici sur la terre ? »
	
	« Je n’en ai aucune idée », dit 
	Billy.
	
	Elle dit : « Il y a un marin 
	debout devant vous. Demandez-lui si la lune ne contrôle pas les marées. »
	
	« J’ai assez de bon sens pour 
	savoir cela », coupa Billy.
	
	La femme continua : « Il y a 
	encore de nombreux corps célestes qui ont une signification sur la terre. Si 
	je pouvais vous dire exactement votre date de naissance, me croiriez-vous ? 
	»
	
	Billy fronça les sourcils, mal à 
	l’aise. « Vous n’y arriverez pas. »
	
	Elle sourit : « Oh si. 
	Vous êtes né le 6 avril 1909, à cinq heures du matin. »
	
	L’air bourru de Billy fit place à 
	la surprise. « C’est exact. Maintenant, dites à ce marin quand il est né. »
	
	Elle dit : « Je ne peux pas. 
	Voyez-vous, vous êtes né sous un signe. Les pasteurs ne vous en ont-ils 
	jamais parlé ? »
	
	« Je n’ai rien à faire avec des 
	prédicateurs ; rien du tout. »
	
	Les yeux de la dame se 
	détournèrent, comme si son esprit poursuivait cette pensée. « N’est-ce pas 
	étrange que les prédicateurs ne puissent pas voir cela ? »
	
	Billy répéta : « Je ne vais pas 
	dans les endroits qu’ils fréquentent. »
	
	Elle le fixa de nouveau du regard. 
	« Écoutez, je veux vous dire quelque chose. Vous êtes né sous un signe, 
	comme un don pour l’humanité. Si seulement vous le reconnaissiez... »
	
	Il l’interrompit : « Je serai 
	peut-être un autre Daniel Boone. J’aime chasser et je suis né au Kentucky. »
	
	« Non, je ne parle pas ça. »
	
	« Alors, alors, je serai peut-être 
	un homme d’affaires, j’ai suivi l’école primaire. »
	
	Elle n’avait pas l’air amusée. « 
	Ce n’est pas de ça que je parle. Je ne sais pas ce que vous serez, mais, je 
	vois par votre aura que vous êtes né pour être un don. Vous souvenez-vous de 
	l’histoire des “mages” qui furent conduits par une étoile vers l’enfant 
	Jésus ? »
	
	« Je ne connais rien de la 
	religion. »
	
	« Mais vous avez entendu parler 
	des “mages” qui allèrent voir l’enfant Jésus, n’est-ce pas ? »
	
	« Oui. »
	
	« Et que sont les “mages” ? »
	
	« Oh, ils étaient seulement des 
	mages, c’est tout ce que je sais. »
	
	Elle expliqua : « Ces “mages” 
	étaient comme moi ; c’étaient des astrologues, des gens qui observent les 
	étoiles. Vous savez, avant que Dieu fasse quelque chose sur la terre, Il le 
	déclare toujours dans les cieux auparavant. C’est ce qu’Il a fait lorsque 
	Jésus est né ; trois planètes se sont alignées et ont formé une conjonction 
	qui attira l’attention d’astrologues qui vivaient en Orient. L’un d’eux 
	était de la lignée de Sem, l’autre de Cham et l’autre de Japhet, les trois 
	fils de Noé. Ils représentaient tous les peuples de la terre. Chacun de ces 
	trois hommes voyagea en direction de l’Occident séparément, ne sachant pas 
	que les autres venaient, jusqu’à ce qu’ils se rencontrent à Jérusalem. Puis, 
	ils allèrent à Bethléem et trouvèrent l’enfant Jésus. Ils surent que Jésus 
	était celui qu’ils cherchaient à cause de la couleur de son aura. Vous savez 
	ce qu’est une aura, n’est-ce pas ? C’est la lumière surnaturelle de l’âme. 
	Tout le monde a une aura ; elles sont de différentes couleurs et chaque 
	couleur veut dire quelque chose. L’or signifie un don de Dieu. Ces “mages” 
	adorèrent Jésus et Lui donnèrent des cadeaux. Ils s’en retournèrent lorsque 
	les corps célestes se séparèrent pour suivre leurs orbites respectives. En 
	commémoration du plus grand don que Dieu ait fait à l’humanité, son propre 
	fils, Jésus, chaque fois que ces trois planètes s’alignent, Dieu envoie un 
	don moins important aux hommes. Vous êtes né sous une telle conjonction. Il 
	y a une aura dorée qui vous entoure. C’est la raison pour laquelle je 
	connais la date et l’heure de votre naissance et que votre destinée est dans 
	l’Ouest. »
	
	Par courtoisie, Billy avait essayé 
	de l’écouter patiemment ; mais, maintenant, il en avait assez entendu. « 
	Madame, tout ce que je sais, c’est que je suis garde-chasse pour l’État de 
	l’Indiana et que je fais du mieux que je peux. Je ne suis pas religieux et 
	ne veux plus en entendre parler ! »
	
	Billy se déplaça vers l’avant de 
	l’autobus, le marin se retrouvant ainsi entre lui et l’astrologue, mettant 
	définitivement fin à la conversation.
	
	Cependant, l’incident n’était pas 
	facile à oublier et il troubla ses pensées à maintes reprises. Sa vie 
	semblait tellement différente de celle des gens qu’il connaissait ; mais un 
	don ? Qu’est-ce que ça pouvait signifier ? Et qu’y avait-il en lui qui 
	attirait tous ces gens étranges ? La diseuse de bonne aventure lui avait dit 
	qu’elle voyait une lumière qui le suivait ; l’astrologue lui avait parlé 
	d’une aura. Billy ne pouvait mettre tout ça ensemble. La question tournait 
	dans son esprit comme de la crème dans une baratte à beurre. Pourquoi 
	était-il si différent ? Pourquoi avait-il senti cette pression immédiatement 
	après être entré dans l’autobus Greyhound ? Et pourquoi était-il si 
	malheureux lorsqu’on abordait le sujet de la religion ? Avait-il peur ? 
	Peut-être que Dieu le cherchait et qu’il essayait de se cacher ? Et 
	qu’est-ce que cette femme avait voulu dire lorsqu’elle avait dit que sa 
	destinée était dans l’Ouest ?